Où l’on se balade en ville et on prend de la hauteur

Suite et fin du précédent article.

J’ai traversé la ville à la recherche d’une boulangerie pour me sustenter. Le vieux centre ville est très (trop) touristique, et c’est pas très simple d’apprécier le charme des bâtiments entre les resto attrape-touriste et les boutiques de souvenir. Toutefois, les rues bordées de petites maisons colorées ont un côté sympa. Fun fact : certaines maisons sont bardées de bois mais la plupart sont bardées de tôles rivetées. C’est assez surprenant.

Un coin de rue très reykjavikien

Certaines maisons abordent des signes rigolos, qui rappellent la mer ou des symboles viking.

Après une courte pause revigorante, Mes pas m’ont menée au bord du lac de Reykjavik, le lac Tjörnin. Il est bordé par une sculpture en l’honneur du Fonctionnaire Inconnu.

Ce pays est formidable

Je suis passée par le parlement islandais, l’Alþing, plus vieux parlement du monde (genre an 900 et des brouettes). C’est un genre de gros manoir cossu, et il abrite un tout petit jardin public absolument adorable qui paraît coupé de tout.

Le petit jardin du Parlement, on voit le clocher de la cathédrale qui dépasse. Le parfait endroit pour une pause rassérénante après s’être crêpé le chignon avec tes petits copains député/es.

Je suis également allée faire coucou au bureau des premiers ministres, qui est du même acabit :

Et je me suis gourée : c’était en fait le lycée (un des lycées ?) de Reykjavik. Le bureau des premiers ministres est encore plus mimi :

Pas tout à fait Matignon

Franchement on dirait la maison un peu cossue de ta grand-mère (ou ton grand-père). On peut vraiment aller sonner ou faire toc-toc sur la porte et quelqu’un va t’ouvrir avec des cookies et de la crème fouettée. Peux-tu croire ?

Une fois fini le tour des ors de la République d’Islande (c’est-tu une république ? Ils n’ont pas l’air d’avoir de roi ou de reine, mais ceci dit peut être que le palais royal est un petit chalet mimi au bord du lac et qu’il passe donc inaperçu), je suis à nouveau retombée sur le lac, et en longeant un bâtiment qui se trouvait être le city centre, j’aperçus à travers une vitre un truc incroyable : une immense carte en 3D de l’Islande à l’échelle qui prenait toute une salle. Ça avait l’air fou. J’ai posé un orteil prudent à l’intérieur. Personne. Les portes étaient ouvertes. Pas de guichet. Ça avait l’air normal. Je m’approchai prudemment. La carte était dans une grande salle vitrée donnant directement sur le lac, ce qui avec la lumière du soleil qui jouait à coucou-caché avec les nuages, rendait un aspect féerique. J’étais ra-vie d’autant plus qu’il n’y avait pas un chat. La carte en 3D donnait l’impression d’une coulée de lave refroidie, ce qui fait sens vu que l’Islande est essentiellement ça. Je m’abîmai dans des réflexions existentielles sur la possibilité que tous les continents et les îles du monde soient en fait des coulées de lave refroidies (sommes-nous tous au fond des coulées de lave ? Vous avez quatre heure).

Un bien beau bloc basaltique

J’ai fait mumuse un certain temps avec les reliefs de la carte et ses possibilités photographiques.

Introducing the péninsule of Snæfellsness

Il y avait aussi un recueil de cartes d’état major sur les différentes régions d’Islande. Formidable.

Les pays nordiques ont une carte à jouer importante dans leur panel d’atouts : en été le soleil se couche donc très tard et se lève très tôt, mais on a moins en tête qu’il est quand même plus bas que chez nous sur l’horizon et que le coucher du soleil et le crépuscule semblent de fait plus « progressifs ». Conséquence direct : à partir de 16h30 la lumière prend des teintes dorées incroyables qui ressemblent un peu à nos lumière de fin de journée d’automne, mais durent jusqu’à tard le soir. La golden hour s’installe et prend ses aises. C’est plutôt la golden demi-journée en fait. C’est précisément cette ambiance qui accompagnait mon tour du lac Tjörnin et c’était fabuleux. Je dévisageais avec ravissement les familles qui donnaient à manger aux canards, les cils pleins de cette lumière chaude qui s’accrochait partout.

Meilleur endroit où mettre cette statue.

Je me suis assise à côté de la statue sur son banc. Un monsieur qui passait m’a demandé si je m’entendais bien avec mon voisin de banc, j’ai répondu que oui mais qu’il n’était pas très bavard. Il m’a appris que c’était un poète islandais, Tomas Guðmunsson, qui avait beaucoup écrit sur Reykjavik. Il y avait même un QR code permettant d’aller écouter les oeuvres en question. J’ai fini mon tour du lac sur mon petit nuage, j’ai fait coucou à l’église choupinette en tôle blanche :

Je suis retournée sur le port et je suis passée à côté de la grande salle de concert et conférence de Reykjavik, Harpa. C’est un grand bâtiment en verre, on pourrait croire que les parois imitent des écailles de poisson, qui reflètent toutes les nuances de bleu et de gris environnantes. Apparemment quand elle a été construite des gens ont râlé car la capacité d’accueil de la salle était jugée bien trop importante pour la taille de la population de Reykjavik. Je ne ferai aucun commentaire.

Une sculpture ressemblant fort à un double brin d’ADN orne le parvis de Harpa. C’est rigolos d’évoquer la génétique sur une île où le site de rencontre local permet d’estimer le degré de cousinage avec les gens que tu date …

La balade en bord de mer était à nouveau très belle et m’a menée au Solfar, le « voyageur du soleil », une sculpture de bord de mer qui évoque un drakkar. Elle est très photogénique et la foule autour ne s’y trompe pas.

Solfar So good.

Comme tout le monde se prenait en photo avec la sculpture, j’ai sorti de mon chapeau mon plus bel accent British et demandé à une sympathique dame de me tirer le portrait pareil. Il y a un certain plaisir à être une touriste de base, que j’apprécie sans aucune vergogne. En regardant ma montre j’ai réalisé qu’il était déjà 19h, mais qu’il était aussi seulement 19h, et qu’il était donc encore temps d’aller visiter Hallgrímskirkja, la grosse grosse église de Reykjavik. Sa flèche est visible de toute la ville. Son design rappelle la lave et les colonnes de basalte. Devant se tient fièrement le viking islandais ayant « découvert » le Vinland, c’est à dire l’Amérique, Leif Ericsson. La statue a été offerte par les USA en l’honneur du 1000ème anniversaire du parlement islandais (1930).

Un bien beau bloc de béton

L’Islande a un curieux rapport à la religion : malgré le fait que ce soit un pays très progressiste, du moins dans beaucoup d’aspects, la religion, en l’occurrence le luthérianisme, est une religion d’état, et la grande majorité de la population s’en revendique. Pour autant, cohabite un héritage hyper présent des mythes scandinaves et de toutes les croyances qui s’y rapportent. Un panneau dans la cathédrale indique que parmi les premiers habitants de l’Islande il y avait à la fois les chrétiens et les scandinaves qui croyaient aux dieux nordiques. Assez rapidement, ça commençait à se tirer dans les pattes et l’Islande risquait la guerre civile (avec 500 habitants tu peux pas te le permettre), ou une scission en deux états (même remarque). Un chef païen aurait alors décidé devant le parlement, pour sauvezr la paix et le pays, que tout les islandais seraient baptisés et chrétiens, ce qui aurait résolu le problème à l’amiable sans persécution des uns par les autres. Pas mal non ? Il avait peut être perdu à la courte paille. Ou alors c’est de la propagande et il a décidé ça parce que son poteau chrétien d’à côté menaçait de lui mettre sa hache sur la tronche. On ne saura pas. Dans tous les cas ainsi fut fait et tout le monde semble s’être accommodé de ce « regarde viens on dit on est tous chrétiens on se baptise puis bon crois en ce que tu veux et on est tous bons amis ».

La sobriété protestante, by Le Béton®️.

le clocher de la cathédrale est visitable (on y accède par un ascenseur) et on y découvre, outre une splendide vue à 360° sur Reykjavik et les alentours, le tintamarre du carillon qui sonne fièrement toutes les 15 minutes et disloque avec constance les osselets de l’oreille interne de tous les touristes présents. L’expérience valait le coup, on note la présence d’un gars qui photographiait avec un grand soin un petit lapin en peluche gris devant le panorama, ce qui était assez cute. Cette expérience au sommet concluait une bien belle journée bien remplie et inondée de soleil.

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